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A la criée
Au pavillon de la boucherie
durement
coquettement piquée
dans la viande tendre de l'étal
une rose rouge de papier
hurle à la mort
en robe de bal
Un carnivore en tenue de soirée
passe devant la fleur sans la voir
ni l'entendre
Et dans le ruisseau
du sang
sur l'eau d'abord s'étale
et puis s'écoule calmement
dans la douce chaleur de la nuit
tenant un instant compagnie
au passant...
...au passant qui s'éloigne
fragile et titubant.
Hilare, hirsute, un très vieil homme
le poursuit du regard.
La joie de vivre encore
illumine ce regard.
- « Ça me rappelle le bon vieux temps,
la tournée des grands-ducs ! ».
Et il reste là souriant aux anges
devant son diable de fer où se prélassent,
rituellement mêlées, fraises et têtes
de veau, langues de bœuf, cervelles
de mouton et autres trophées sanglants.
« Les grands-ducs... des noctambules,
des somnambules, des travailleurs
de l'ennui ! A l'aube ils s'apportaient ici
pour achever la soirée qu'ils n'avaient
pas réussi à assassiner tout à fait.
« Le temps mène la vie dure à ceux qui
veulent le tuer. »
Jacques Prévert
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