Textes d'auteurs

Vendredi 28 août 5 28 /08 /Août 04:48

A la criée

 

 

Au pavillon de la boucherie

durement

coquettement piquée

dans la viande tendre de l'étal

une rose rouge de papier

hurle à la mort

en robe de bal

Un carnivore en tenue de soirée

passe devant la fleur sans la voir

ni l'entendre

Et dans le ruisseau

du sang

sur l'eau d'abord s'étale

et puis s'écoule calmement

dans la douce chaleur de la nuit

tenant un instant compagnie

au passant...

 

...au passant qui s'éloigne

fragile et titubant.

Hilare, hirsute, un très vieil homme

le poursuit du regard.

La joie de vivre encore

illumine ce regard.

- « Ça me rappelle le bon vieux temps,

la tournée des grands-ducs ! ».

Et il reste là souriant aux anges

devant son diable de fer où se prélassent,

rituellement mêlées, fraises et têtes

de veau, langues de bœuf, cervelles

de mouton et autres trophées sanglants.

« Les grands-ducs... des noctambules,

des somnambules, des travailleurs

de l'ennui ! A l'aube ils s'apportaient ici

pour achever la soirée qu'ils n'avaient

pas réussi à assassiner tout à fait.

« Le temps mène la vie dure à ceux qui

veulent le tuer. »

 

 

Jacques Prévert

Par Sacha N. - Publié dans : Textes d'auteurs
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Dimanche 2 août 7 02 /08 /Août 04:39

83


 

on ne peut

rien acheter nulle part

sans collaborer

à sa propre exécution

c’est qu’on s’engage

jusqu’au coup dans la chosité

au lieu de l’humanité

 

parce que

dès qu’on fait une

transaction financière

le revenu de quelqu’un augmente

et blop blop pour-cent de

ce revenu servent à financer

les splendeurs militaires

 

et dès qu’on achète

et toutes les forces travaillent nuit et jour à

diffuser le message achète achète

et cela dure depuis dix mille ans

et c’est difficile de résister

dès qu’on achète

on s’engage jusqu’au coup dans la chosité

au lieu de l’humanité

 

le système monétaire tout entier

doit bye bye disparaître

dans l’histoire des grotesques tortures et

de la violence

de la violence physique

 

l’échange n’est pas

la solution

 

c’est

la société libre

 

c’est la

société libre

 

c’est la société sans argent

dans laquelle

ce qui est produit

est employé

par quiconque

en a besoin

 

toute production inutile cessera

à cause de la saveur de nos besoins

 

et on fabrique ce dont on a besoin

et on s’en sert

et si tu ne veux pas travailler

tu fais autre chose

personne ne fait ce

qu’il ne veut pas faire

je nettoierai les égouts

parce qu’ils puent

et peut-être même

que nous aurons trop d’égoutiers

parce que c’est marrant

et que nous aimons

le parfum

 

tu vois

nous allons tout changer

 

tout est gratis

ça ne coûte absolument rien

il n’y a pas d’argent

 

et nous aimons le parfum

parce qu’il est impossible

que nous soyons comme

nous sommes maintenant

et que nous puissions être plus

près de dieu

 

j’aimerai harry anslinger et tous les flics et

les juges

 

et la science et la technologie nous serviront

elles ne domineront pas

pourquoi

parce qu’elles ne seront plus les armes de la

ploutocratie et de l’autocratie

mais les mécanismes chéris de l’amour

 

quand

 

l’économie

ne changera que

lorsque les gens changeront et la changeront

les gens ne changeront

pas ce soir

mais nous nous y mettrons demain matin

 

Julian Beck

 

paris cefalù boulder (colorado) dubois (wyoming) los angeles atlantique

juin 1967 avril 1969

Par Sacha N. - Publié dans : Textes d'auteurs
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Mercredi 15 juillet 3 15 /07 /Juil 04:31

Un jour on démolira

ces beaux immeubles si modernes

On cassera les carreaux

de plexiglas ou d'ultravitre

On démontera les fourneaux

construits à Polytechnique

On sectionnera les antennes

collectives de télévision

On dévissera les ascenseurs

On broiera les choffoses

On pulvérisera les frigidons

Quand ces immeubles vieilliront

du poids infini de la tristesse des choses.

 

 

Raymond Queneau, extrait de Courir les rues, 1967

Par Sacha N. - Publié dans : Textes d'auteurs
Voir les 0 commentaires
Mercredi 15 avril 3 15 /04 /Avr 04:24

Un jour futur


 

(…)

Regardez-le l’enfant

qui se dresse et qui dit

je ne connaissais pas

la beauté des colères

je veux faire tomber

ce vieux monde en poussière

l’avenir, l’avenir

ne sera pas maudit.

 

Un jour futur

puis des millions de jours

j’avancerai parmi des millions

d’hommes

brisant les murs

de ce siècle trop lourd

croquant l’amour

comme une rouge pomme.

 

 

Henri Gougaud

 

Par Sacha N. - Publié dans : Textes d'auteurs
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Jeudi 2 avril 4 02 /04 /Avr 04:37

Moi


 

Seul sur la terre, je suis le vagabond

révolté

Si chacun a son coin de terre sur la terre

j’affirme quant à moi que la terre m’appartient

 

Ni mère ni frère

Je me promène

front haut et libre

Et demain si je meurs

pas un ami

ne viendra suivre en pleurs

le maudit.

 

Je ne sens dans mon cœur ni bonheur

ni malheur

nulle indulgence pour moi nulle amitié

pour d’autres

Mais je m’en vais, de ci de là

détaché seul à la poursuite

d’une ombre…


 

Nazim Hikmet

 

Par Sacha N. - Publié dans : Textes d'auteurs
Voir les 0 commentaires

Présentation

Me contacter (par Facebook)

Recherche

Calendrier

Mai 2024
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>

Derniers Commentaires

Liens

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés